Prévision et actions anticipatoires : les services météo du Sahel unissent leurs forces à Nouakchott avec l’appui technique du CILSS/AGRHYMET CCR-AOS et du PAM
Nouakchott accueille, du 29 septembre au 3 octobre 2025, un atelier régional consacré à la prévision de la sécheresse et aux systèmes d’actions anticipatoires. Organisé par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’Office National de la Météorologie (ONM) de Mauritanie, en partenariat avec l’Institut International de Recherche sur le Climat et la Société (IRI) de l’Université de Columbia, le CILSS à travers AGRHYMET – Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (CCR-AOS) – ainsi que l’ACMAD (African Centre of Meteorological Application for Development), cet événement réunit des experts régionaux et les spécialistes des services météorologiques nationaux de six pays sahéliens : Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad.
Face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et sévères, cet atelier vise à renforcer les capacités techniques des services météorologiques pour mieux prévoir et anticiper les épisodes de sécheresse. L’objectif est clair : permettre le déclenchement d’actions concrètes avant que les crises ne surviennent.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le représentant du ministère de l’Équipement et des Transports, Monsieur Mohamed El Moctar Ould Guaouad Ould Ahmed Benane, a rappelé que « le contexte actuel est marqué par une variabilité et une incertitude climatiques croissantes. Les sécheresses, les inondations et autres événements extrêmes affectent plus durement la sécurité alimentaire, la santé et les moyens d’existence des populations sahéliennes. Dans ce cadre, la prévision climatique fiable et son utilisation effective dans la planification ne sont plus un luxe, mais une nécessité stratégique. »
« Le climat ne connaît pas de frontières, et notre réponse ne doit pas en avoir non plus », a souligné le Dr Aliou Diongue, Directeur pays du PAM en Mauritanie. Il a insisté sur l’importance de cette rencontre, qui s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation des systèmes d’alerte précoce et d’action anticipatoire dans le Sahel. Selon lui, cette initiative marque « une étape clé vers des réponses plus proactives, coordonnées et efficaces face aux aléas climatiques, afin de sauver des vies, améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et protéger les moyens de subsistance. »
Cette session en présentiel prolonge une série de réunions préparatoires organisées en ligne depuis mars 2025, et s’inscrit dans une collaboration de longue date entre l’IRI et AGRHYMET CCR-AOS. Pendant cinq jours, les participants travailleront sur les prévisions saisonnières et sous-saisonnières, les modèles climatiques, les indicateurs de sécheresse (SPI, NDVI), ainsi que sur les méthodologies de définition des seuils de déclenchement basés sur les impacts.
Le programme combine sessions techniques, exercices pratiques, échanges d’expériences et discussions stratégiques. L’ambition est double : renforcer la capacité des services nationaux à produire des prévisions de sécheresse plus fiables et mettre en place des mécanismes solides pour déclencher des actions anticipatoires. À travers ces travaux, il s’agit aussi de favoriser une compréhension commune du rôle des actions anticipatoires dans la gestion des risques de catastrophes et dans l’amélioration de la sécurité alimentaire face aux chocs climatiques prévisibles.
Une dimension « formation des formateurs » a également été intégrée. Elle permettra aux experts régionaux d’AGRHYMET CCR-AOS et de l’ACMAD de développer des compétences pédagogiques et de préparer la réplication de cette formation dans plusieurs pays au cours des prochains mois.
« Ce que nous construisons ici, c’est une véritable communauté de pratique régionale, capable de transformer la science en action », a résumé l’un des participants.