Face aux extrêmes climatiques, le CILSS présente ses solutions de nouvelle génération à la COP30
À la COP30 de Belém, le CILSS a organisé ce jeudi un side event consacré à l’intensification des extrêmes climatiques en Afrique de l’Ouest et au Sahel, une région considérée comme l’un des épicentres mondiaux du changement climatique. La session a été animé par les experts de haut niveau : le Dr Abdou Ali, Chef du département Climat Eau Météo, le Dr Alhassane Agali, coordonnateur de la composante FSRP financée par la Banque mondiale, le Dr Maguette Kairé, expert en agroforesterie et climat, et Papa Alassane Mbaye, expert en communication et modérateur de l’événement.
Les intervenants ont rappelé que la région fait face à une accélération inédite des phénomènes extrêmes : sécheresses prolongées, vagues de chaleur intenses, inondations soudaines ou encore tempêtes violentes. L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui identifiée comme un véritable hotspot climatique, avec des impacts majeurs sur les systèmes agricoles, les infrastructures et les économies locales.
Dans sa communication introductive, le Dr Abdou Ali (en ligne) a présenté une analyse claire des évolutions en cours. Selon lui, les références climatiques des années 1980 et 1990 ne sont plus adaptées, tant la dynamique actuelle diffère de celle du passé. L’intensification des extrêmes, l’augmentation de la variabilité intra-saisonnière et les projections climatiques montrent que cette tendance se renforcera, notamment dans le Sahel central et oriental. Il a insisté sur la nécessité d’une approche de prévision climatique sans discontinuité (seamless forecasts), reliant les échelles saisonnières, sous-saisonnières et à courte échéance. Il a également présenté la plateforme “Seamless Forecast”, en cours de développement, un système basé sur la combinaison des méthodes statistiques avancées, des modèles dynamiques et de l’intelligence artificielle, conçu pour produire de manière continue des prévisions intégrées des différentes échelles de temps et fournir les informations en temps réel.
La présentation a été suivie d’un focus sur la Salle de Veille Climatique Régionale, mise en place avec l’appui de la Banque mondiale à travers le FSRP. Dotée d’infrastructures robustes, de modèles numériques de pointe, de données satellitaires et d’outils d’analyse avancés, cette salle permet un suivi en temps réel des phénomènes extrêmes. Elle fournit des informations essentielles aux services nationaux pour renforcer les dispositifs nationaux d’alerte précoce afin de mieux anticiper les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur affectant les productions agricoles, les infrastructures et la sécurité des personnes et de leurs biens. Elle constitue également un espace stratégique de coopération régionale, facilitant l’intégration des données et leur mise en valeur au bénéfice des États.
Le Dr Alhassane Agali a présenté les avancées majeures permises par le FSRP, notamment la mise en place d’outils d’information disponibles 24h/24 pour les services météorologiques et hydrologiques nationaux. Il a rappelé que AGRHYMET renforce ses partenariats à travers la signature de conventions de partage de données avec les États et les institutions régionales comme la CEDEAO ou le Programme alimentaire mondial, afin d’améliorer la circulation des informations et la prévention des crises.
La session a aussi mis en lumière des événements climatiques récents survenus dans plusieurs pays, où des inondations ont engendré des dommages à des installations techniques stratégiques, parfois envahies par l’eau. Par, les experts ont souligné que l’importance stratégique des stations d’observation météorologique et hydrologique et rappellent l’urgence d’invertir dans ce domaine pour une meilleure des services de prévision.
Les progrès réalisés en matière de prévisions saisonnières ont également été salués. Les nouveaux produits de prévisions codéveloppés par AGRHYMET et les services nationaux de météorologie et d’hydrologie sont plus détaillés et précis. Ils permettent par exemple de faire des simulations prospectives des rendements agricoles dès le mois de ou juin alors qu’auparavant, il fallait attendre la fin août et début septembre. Ces avancées facilitent la planification agricole et renforcent les systèmes d’alerte régionaux, apportant ainsi une contribution significative l’initiative “Early Warning for All”. Le Directeur National de la gestion des catastrophes de Guinée a indiqué que sont essentiels pour les appuyer dans leurs efforts de réduction des risques des catastrophes.
Malgré ces progrès, les experts ont rappelé que la consolidation du dispositif régional nécessite encore des efforts. La salle de veille, opérationnelle depuis son lancement officiel le 30 juillet, produit déjà des prévisions en temps réel, mais les pays doivent encore renforcer leurs capacités techniques, harmoniser leurs systèmes et finaliser les conventions d’échange d’informations d’urgence. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’accélérer les formations, de renforcer la coordination régionale et de sécuriser les réseaux d’observation.
En conclusion, ils ont réaffirmé que face à la multiplication des phénomènes extrêmes et à leurs conséquences humaines, économiques et environnementales, l’investissement dans les systèmes d’alerte précoce et les innovations climatiques n’est pas une option, mais une priorité vitale pour les populations du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. :





