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Forum PRESASS 2025 à Bamako : l’édition de tous les records

Bamako, capitale malienne, a accueilli du 5 au 9 mai 2025 une édition exceptionnelle du Forum PRESASS, consacrée aux prévisions saisonnières pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Cette édition après 20 ans d’exercice, a battu plusieurs records en termes de participation, d’innovation technologique, d’implication communautaire et de diffusion des résultats. Un jalon majeur pour la résilience climatique dans la région, grâce à l’appui du Programme de Résilience du Système Alimentaire en Afrique de l’Ouest (FRSP) Composante 1 financée par la Banque Mondiale.

Une participation historique

Jamais dans l’histoire du Forum PRESASS — initié dans les années 2000 — une édition n’avait rassemblé autant de participants. Avec plus de 280 participants venus des 17 pays membres de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, le rendez-vous de Bamako a dépassé les attentes.

Cette affluence record est d’autant plus significative qu’elle traduit une dynamique régionale forte de coopération autour de la gestion des risques climatiques. Experts des services météorologiques et hydrologiques nationaux, chercheurs, représentants d’institutions régionales, organisations paysannes et représentants de la société civile, acteurs humanitaires, journalistes et communicateurs, se sont donnés rendez-vous pour donner corps à une vision commune : anticiper pour mieux agir. « Cette participation massive est le reflet d’une prise de conscience collective que l’information climatique n’est pas un privilège, mais une nécessité », a indiqué Dr. Agali Alhassane, Expert Agrométéorologue et coordonnateur de la composante 1 du FRSP.

Des services numériques innovants au cœur du forum : l’IA pour améliorer les prévisions

L’édition 2025 du Forum PRESASS à Bamako a marqué un tournant décisif dans l’évolution des prévisions saisonnières en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Pour la première fois, l’Intelligence artificielle prend une place majeure au sein de l’arsenal des outils de prévision utilisés dans le forum. Cela a été possible grâce à des sessions de formation intensives organisées avant le forum pour renforcer les capacités des experts nationaux sur une nouvelle génération de prévisions saisonnières, reposant sur des approches objectives, en rupture avec la démarche consensuelle traditionnelle souvent marquée par des jugements d’experts considérés comme subjectifs du fait de non leur reproductibilité par des tierces.

Grâce aux appuis du projet AICCRA (Accelerating the Impacts of CGIAR Climate Research for Africa) et FSRP (Food System Resilience Program), financés par la Banque Mondiale, cette transition vers des prévisions objectives s’est concrétisée par le développement et la mise en œuvre d’outils innovants comme WASS2S (West-African and Sahel Seasonal to Sub-seasonal), qui automatisent les méthodes statistiques classiques tout en intégrant les potentialités de l’intelligence artificielle (IA), notamment du Deep Learning.

Ces nouveaux outils interviennent à la fois dans la correction des biais des sorties des modèles de prévision des centres climatiques mondiaux grâce à des algorithmes d’apprentissage, dans l’élaboration des prévisions spécifiques, mais aussi dans la combinaison des approches traditionnelles et ceux de l’intelligente artificielle. Le processus est désormais automatisé, traçable et reproductible : n’importe quel climatologue, quel que soit son pays, peut appliquer la même méthodologie et obtenir les mêmes résultats. Bien que cette approche ne soit pas encore officiellement lancée, le forum de Bamako a permis son utilisation test par un grand nombre de climatologues. Le lancement officiel est prévu très prochainement avec la participation des directeurs des services météorologiques et hydrologiques nationaux, afin de marquer officiellement l’adoption institutionnelle de cette nouvelle génération de services de prévisions saisonnières.

Ces innovations placent désormais l’intelligence artificielle au cœur du processus de prévision saisonnière en Afrique de l’Ouest et au Sahel, ouvrant la voie à des services climatiques plus fiables, reproductibles, transparents et adaptés aux besoins des utilisateurs finaux. Le Forum PRESASS 2025 marque ainsi l’avènement d’une ère nouvelle où les services climatiques innovants pour renforcer davantage la résilience des populations sahéliennes et ouest-africaines.

Coproduction de l’information climatique : les utilisateurs s’engagent pleinement

L’un des aspects sur lesquels cette édition a particulièrement mis l’accent était l’implication directe des utilisateurs dans le processus de coproduction dans l’interprétation des produits de prévisions saisonnières et de l’élaboration du communiqué final et des recommandations. Agriculteurs, éleveurs, gestionnaires des ouvrages hydrauliques, d’énergie hydroélectrique, agents de développement communautaire et représentants des organisations paysannes, les hommes et les femmes des médias ont participé activement aux groupes de travail aux côtés des scientifiques. « On a enfin senti que notre voix comptait, que les conseils prenaient en compte nos réalités locales », a témoigné un agriculteur malien ayant été le premier à solliciter les informations climatiques à Mali Météo.

Cette démarche participative a permis d’enrichir les informations des prévisions avec les perceptions locales, d’adapter les messages aux réalités du terrain, et de co-élaborer des conseils agro-hydro-climatiques basés à la fois sur les sciences modernes et les savoirs endogènes.

Une large diffusion des résultats : la prévision au service de tous

L’une des forces de cette édition a été la qualité et la portée de la communication autour des résultats du forum. Le communiqué final du forum de prévisions saisonnières a été traduit en anglais, puis partagé avec l’ensemble des acteurs à travers via les télévisions, radios, presse écrite, et les plateformes numériques (sites web, réseaux sociaux etc.) au niveau national et régional, ce qui a permis de toucher de multiples bénéficiaires.

Ces résultats ont été relayés par certaines radios communautaires partenaires qui ont traduit les informations dans plusieurs langues nationales. « Le PRESASS 2025 a permis une meilleure appropriation des informations climatiques par les populations. Dans mon pays, presque tout le monde connaît désormais la tendance de la saison à venir », a déclaré un journaliste du Niger.

Cette stratégie de communication inclusive, associée aux ateliers de restitution organisés par les pays (voir tableau) favorise une diffusion large des prévisions climatiques, renforçant la prise de décision à tous les niveaux : des autorités nationales aux ménages agricoles.

Statistiques de la vidéo de synthèse des résultats

 

Si le Forum PRESASS 2025 a atteint ce niveau d’envergure, c’est en grande partie grâce à l’appui stratégique de la Composante 1 du Food System Résilience Program (C1 FSRP) financé par la Banque mondiale. Le FSRP a permis : i) la prise en charge de la participation et de la logistique pour plusieurs délégations nationales ; ii) le financement des plateformes numériques utilisées lors du forum ; iii) la production de supports techniques et de communication. Au-delà du financement, le FSRP s’est aussi positionné comme un moteur de coordination multi-acteurs, facilitant la synergie entre AGRHYMET CCR-AOS, l’ACMAD, les Services Météorologiques et Hydrologiques Nationaux (SMHN) des 17 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, les Organismes des bassins fluviaux et les représentants des plateformes d’interface utilisateurs (des secteurs de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, des ressources en eau et réduction des risques des catastrophes, de la sécurité climatique). Il convient de saluer l’articulation stratégique entre AICCRA et FSRP, deux projets financés par la Banque Mondiale, où le premier assure la promotion et l’appropriation des innovations en matière de services climatiques, afin de créer un catalyseur permettant au second de booster ses investissements.

Conclusion

Le Forum PRESASS 2025 de Bamako a non seulement battu des records de participation, mais il a surtout posé de nouveaux jalons pour la résilience climatique en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Il a démontré que : i) l’intégration technologique (notamment l’IA) dans les services climatiques est un créneau promoteur ; ii) la co-production garantit des prévisions plus pertinentes et utilisables ; iii) le soutien financier bien structuré, comme celui de la Banque Mondiale (travers les projets FSRP et AICCRA) et de la BAD (à travers le projet P2RS), est un levier important pour la mobilisation des acteurs et la durabilité du process ; iv) une communication adaptée, axée sur l’utilisation des services est essentielle pour transformer une prévision en action anticipatoire.

Après le forum régional de Bamako, les pays se sont mobilisés pour prendre le relais en procédant à des sessions de restitutions nationales. Bamako 2025 augure une nouvelle ère pour les prévisions en Afrique de l’Ouest et au Sahel en maximisant sur l’IA et en faisant de la coproduction et la co-diffusion le chemin le plus efficace vers l’impact.