Renforcer les capacités des acteurs clés sur les techniques de base pour entreprendre la détection précoce des inondations (Flood Early Warning), la cartographie des zones à risques et la planification d’urgence dans les bassins des fleuves Niger et de la Volta, à l’aide des données récentes et des technologies de pointe implémentées dans le système DIAS (Data Integration & Analysis System), tel est l’objectif d’une formation en ligne, tenue du 10 au 13 novembre 2020 à l’intention de 90 participants issus de 11 pays de la sous-région.
Ce renforcement de capacité, le deuxième du genre, fait suite à une première vague de bénéficiaires ayant suivi les mêmes modules au mois d’août passé. Cette formation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Projet WADiRE-Africa porté par le consortium UNESCO-PHI, le Centre Régional AGRHYMET et l’International Centre for Water Hazard and Risk Management (ICHARM) du Japon, en collaboration avec les organismes des bassins du Niger et de la Volta.
Les différents partenaires de ce processus sont engagés à conjuguer leurs efforts afin d’atteindre les objectifs escomptés, nonobstant la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du coronavirus « L’Unesco à travers son Programme Hydrologique Intergouvernemental, l’ICHARM et l’AGRHYMET œuvrent à mettre en place un système performant de prévention des inondations, et malgré la pandémie de COVID-19, nos équipes ont continué à travailler ensemble afin d’assurer la formation d’une masse critique d’agents pour soutenir ce système » a précisé le Dr Anil Mishra de l’UNESCO, lors de la cérémonie d’ouverture.
Face à l’ampleur des dégâts de tout genre que causent les inondations, il est temps de renforcer les compétences humaines afin de pouvoir réduire les risques liés à ce fléau «On a jusqu’ici géré les crises, maintenant nous devons renforcer nos compétences surtout en matière de prévention et de gestion des risques » a souligné, Dr Abdou Ali, Expert hydrologue, chef du département Information et Recherche du Centre Régional AGRHYMET. « Le CRA en tant qu’institution régionale mandatée par les états de la région, en collaboration avec ses partenaires, ne ménagera aucun effort afin de relever ce défi » a-t-il ajouté.
Il convient de préciser que l’Afrique de l’ouest est de plus en plus affectée par les inondations aussi bien pluviales que fluviales et la situation de cette année a été inédite. Depuis un certain temps, l’on constate une évolution exponentielle de ces phénomènes. Les conséquences sont multiples : pertes en vie humaine; impact sur la sécurité alimentaire à travers la destruction des cultures ; économiques avec la destruction des infrastructures, et même culturelles avec l’inondation de cimetières.
Les changements climatiques y sont certes pour quelque chose, mais il est important de prendre le caractère multifactoriel des inondations. Ce sont les causes d’origine anthropique qui jouent un rôle prépondérant.
Au regard de cette situation, une synergie d’actions entre les acteurs en faveur de la prévention des crises est plus nécessaire.
Affirmant que la plateforme mise en place par ICHARM (Japon) a besoin d’être alimentée par l’ensemble des partenaires, le Professeur Toshio Koike a fait savoir que « l’amélioration du dispositif passe par une bonne collaboration avec les différents services étatiques chargés de valider les résultats de ce dispositif».
Le Projet WADiRe-Africa, financé par le Gouvernement du Japon, a été lancé en juin 2019 pour renforcer la résilience des pays de l’Afrique de l’Ouest face aux inondations et renforcer les capacités des acteurs sur les meilleures pratiques en matière d’alerte précoce et de gestion des risques d’inondation, en mettant à profit l’expérience de ICHARM dans divers pays.
En effet, la réduction de la vulnérabilité des populations africaines aux aléas est un élément nécessaire des stratégies de réduction de la pauvreté, y compris la sauvegarde des acquis du développement de la région. C’est pourquoi, il est nécessaire de mettre un accent particulier sur les systèmes d’observation et considérer tout le cycle de gestion des inondations : l’évaluation, la prévention, la préparation, l’alerte rapide, la réponse et le redressement.
A terme, ce programme de renforcement de capacités en matière de prévention et de gestion des risques d’inondation envisage d’atteindre 300 cadres des services étatiques de la région. Une troisième session de formation est d’ailleurs prévue à cet effet au mois de décembre prochain.